Câest la question que jâai le plus entendue ces derniĂšres semaines et franchement, je comprends.
La vente dâune startup continue de fasciner. On lâimagine comme une ligne dâarrivĂ©e. Un jackpot. Un changement de vie.
Câest un fantasme tenace, mais dans la vraie vie, ça ne ressemble pas à ça.
Dans mon cas, vendre Bampa, ce nâĂ©tait ni une libĂ©ration ni un gros coup. CâĂ©tait une dĂ©cision stratĂ©gique, prise avec luciditĂ©.
Pas parce que je ne croyais plus au projet, mais parce que je savais que pour aller plus loin, il fallait passer le relais à plus gros, plus solide, plus structuré.
Et je veux le dire simplement đ Une sortie, câest dĂ©jĂ une chance.
Ce quâil faut savoir maintenant, câest que comme beaucoup de fondateurs, jâavais signĂ© une clause de liquidation prĂ©fĂ©rentielle lors de notre levĂ©e de fonds.
Câest classique. Ăa semble lointain⊠jusquâau moment oĂč on lâactive.
Pour vous la faire courte, les derniers arrivĂ©s au capital sont prioritaires lors de la revente. Ils rĂ©cupĂšrent leur mise avant les fondateurs et les autres investisseurs (business angels, etc). Ils peuvent Ă©videmment rĂ©cupĂšrer plus que leur mise de dĂ©part. Câest le jeu.
Ă la sortie, une fois les clauses respectĂ©es, les frais dĂ©duits, les bonus oubliĂ©s, le fameux âgros chĂšqueâ fond comme neige au soleil.
Je ne raconte pas ça pour me plaindre. Je le raconte parce quâon en parle trop peu.
A force de mythifier les exits, on finit par crĂ©er des attentes irrĂ©alistes. Vendre une boĂźte ne vous rend pas forcĂ©ment riche. Ce nâest pas une rĂšgle. Ce nâest mĂȘme pas une norme.
Bien sûr, certaines ventes changent une vie.
Mais dans combien de cas ?
AprĂšs combien dâannĂ©es ?
Ă quelles conditions ? Avec quels sacrifices ?
Deux ans aprĂšs la crĂ©ation de Bampa, je nâai pas transformĂ© ma vie financiĂšre, mais jâai traversĂ© un condensĂ© dâaventure entrepreneuriale comme peu de gens vivent en dix ans.
Jâai vu mon fils passer de nourrisson Ă petit garçon.
Jâai montĂ© une boĂźte de zĂ©ro, avec des clients, des Ă©checs, des pivots, des Ă©quipes. Jâai vĂ©cu les montagnes russes de la vente.
Jâai nĂ©gociĂ©. Jâai doutĂ©. Jâai appris.
Je sors de cette aventure plus solide, plus lucide, plus outillé.
Et câest ça, pour moi, la vraie valeur dâun projet entrepreneurial. Pas le montant du virement. Pas le logo du repreneur. Pas le storytelling.
CrĂ©er une boĂźte, câest parfois plus une maniĂšre de se construire quâun moyen de ârĂ©ussirâ.
Et si je partage tout ça ici, ce nâest pas pour faire le rĂ©cit dâune rĂ©ussite ou dâun regret.
Câest juste pour ajuster un peu le regard quâon porte sur ces moments-lĂ .
Vendre une entreprise, ce nâest pas encaisser un chĂšque et tourner la page.
Câest souvent accepter que ce quâon a créé mĂ©rite dâavancer autrement.
Ăa aussi, câest une forme de rĂ©ussite.
Et vous, seriez-vous prĂȘt Ă laisser partir votre projet si câĂ©tait le meilleur moyen de le faire grandir ?