La (e)santé, moteur de notre économie et de notre société !
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Dans 20 ans, la population mondiale aura augmenté de plus d’un milliard d'habitants, ce qui équivaut au continent africain aujourd’hui. Est-ce dramatique ? Cela dépendra évidemment de nos actes et des ressources à disposition.
La surpopulation, le vieillissement, les catastrophes climatiques et sanitaires, ne seront pas répartis aux quatre coins du globe de façon équitable. Cet écart ne pourra être réduit qu’à l’aide d’un accès renforcé pour tous à l’éducation et au soin, moteurs d’une économie saine et durable, qui elle-même régit nos vies.
Il est coutume de dire qu’une population en bonne santé est le moteur d’une économie solide. Ce secteur représente aujourd’hui 11 % du PIB mondial. Un chiffre qui pourrait augmenter de façon drastique dans les années à venir. Le monde dans lequel nous vivons évolue, vite, très vite. Le réchauffement climatique génère de plus en plus d’imprévisibles catastrophes environnementales et sanitaires. Ajoutez à cela les difficultés croissantes, y compris pour les pays encore jeunes et souvent les plus pauvres, à faire face aux difficultés liées à une population vieillissante.
De la France au Japon, les pays considérés comme développés peuvent témoigner que l'adoption d'un système fondé sur la généralisation de la couverture santé, contribue à des décennies de progrès économique et social. Or, en 2030, le déficit de financements pour fournir des services de santé de qualité et abordables, atteindra 180 milliards de dollars par an, dans les 54 pays les plus pauvres du monde. Tout cela s'explique en partie par le fait que l’innovation en santé coûte très cher.
C’est là qu’intervient le numérique. Il libère l’innovation et contrairement à d’autres industries, il ne requiert pas d’investissements lourds. Cela favorise le développement de nouveaux services capables d’évoluer de façon souple et de passer à l’échelle rapidement. Gain de temps, gain d’argent, le numérique coche toutes les cases pour satisfaire des besoins jusqu’ici inatteignables pour certains.
LE TEMPS C’EST DE L’ARGENT
Par où commencer. Les défis sont nombreux. Plusieurs me viennent tout de suite à l’esprit.
Comment assurer le suivi de milliers de personnes soudainement victimes d'épidémies ou de catastrophes climatiques ? Comment mieux diagnostiquer et prévenir les maladies chroniques ? Comment solutionner le déséquilibre dans l’accès au soin ?
Le point commun entre ces enjeux, c’est le temps. Patients comme professionnels de santé courent après le temps. Lorsqu’un hôpital fait face à un afflux de malades, il ne dispose pas du temps nécessaire pour suivre convenablement chacun. Lorsqu’un médecin détecte une maladie chronique, il sait combien remonter dans le temps et dépister en amont pourrait aider à améliorer le quotidien de son patient. Lorsque des chercheurs découvrent un virus, ils se lancent dans une course contre la montre pour solutionner son éradication.
Le temps est une denrée rare. Elle n’a pas de prix. En revanche, il y a un actif qui permet d'influencer le temps. Un actif numérique évidemment. Il s’agit de la donnée.
La donnée numérique permet déjà d’apporter plus de rationalité au système de santé. Nous émettons des données comme nous respirons. Imaginez pouvoir centraliser celles-ci dans un coffre-fort virtuel (sécurisé évidemment). Que penseraient nos descendants du bon vieux carnet de santé ? Sans doute le trouveraient-ils aussi archaïque que le courrier à l’heure de l’email. Pour une raison simple, ils font perdre un temps monstre.
Pour y arriver deux enjeux majeurs sont à relever.
1- l’interopérabilité des données
L’ensemble de nos données de santé proviennent d’une multitude d’applications en votre possession ou celle de professionnels de santé. Qu’il s’agisse de bilans de consultations médicales issues de plateformes de téléconsultation, d’historiques de dépenses de santé issues de plateformes d’assureurs, ou tout simplement de comptes-rendus médicaux suite à une hospitalisation, ces données sont aux mieux dans un coin et au pire perdues dans un flux de données non traitées voir égarées. Le principe de l’interopérabilité c’est de pouvoir, une fois traitées, connecter ces données entre elles pour proposer un meilleur suivi du patient et donc des services de plus grande qualité. L’épicentre de cette interopérabilité, dont rêve l’Etat, s’appelle le DMP (Dossier Médical Partagé). Or, les seules données en la possession de l’assurance maladie ne suffiront pas à proposer une expérience complète au patient. Tout le défi réside dans la capacité à connecter entre eux acteurs privés et publics, entrepreneurs et professionnels de santé.
2- la sécurité des données
Les données de santé sont particulièrement sensibles, car elles décrivent les détails les plus intimes de votre vie. Personne n’a envie de voir son historique médical entre de mauvaises mains ou pire utilisé contre soi. L’enjeu est double. Garantir tout d’abord l’anonymisation pour préserver la vie privée des patients, notamment lorsque leurs données seront exploitées et partagées à des tiers, dans un but notamment d’interopérabilité. Le second est de garantir un hébergement de ces données adapté et donc sécurisé, pour pallier toute tentative de cyber-attaque. Les deux sont liés. Leur but est d’éviter toute fuite de données intimes vers des tiers malveillants.
DES PROBLÉMATIQUES À SOLUTIONNER
Évidemment, cet ensemble de “big data” une fois connecté et sécurisé, n’a qu’un intérêt limité sans usage concret. C’est là qu'interviennent les entrepreneurs.
Qui de mieux placé qu’un entrepreneur pour identifier une problématique et se consacrer pleinement à la solutionner. A la différence d’autres secteurs déjà bouchés et court-termistes, la santé regorge d’opportunités nobles et durables. Vous connaissez déjà quelques dizaines de startups dans ce domaine comme Qare, solution de téléconsultation Dreem, spécialiste de l’analyse du sommeil ou Withings, qui propose des objets connectés pour suivre notre santé. Elles ne représentent que la partie visible de l’iceberg.
Parmi ces problématiques, il y a deux grandes catégories qui tirent leur épingle du jeu : la médecine à distance et la médecine personnalisée. La première promet de rapprocher patients et professionnels de santé grâce à la technologie. Que nous soyons isolés géographiquement ou à cause d'une pandémie, l'accès à la médecine à distance va devenir de plus en plus importante. Que ce soit pour consulter un médecin de son domicile, réceptionner un traitement de n’importe où, opérer une personne hospitalisée depuis l'autre bout du monde, la médecine à distance va nous simplifier la vie et améliorer directement notre santé.
La seconde nous propose un suivi adapté et sur-mesure, du diagnostic jusqu’au traitement. C’est indispensable pour passer du curatif au préventif et ainsi sauver des millions de vies, mais aussi pour optimiser à long terme le temps par patient et donc les dépenses colossales que nécessite un système de soin. La technologie est la clé de cette évolution en cours, elle offrira plus de précision grâce aux données, plus de sécurité grâce à la blockchain ou encore plus de simplicité grâce au mobile. C'est le gage d'une efficacité renforcée pour notre système de santé, d'effets indésirables amoindris et d'un dépistage avancé.
Au sain même de ces catégories, il y a une multitude de problématiques dont doivent s’emparer les entrepreneurs. Les 18 derniers mois, rythmés par la pandémie mondiale, ont notamment soulevés deux problématiques vitales sur lesquelles nous sommes loin d’être à la hauteur.
Il y a tout d’abord l’isolement. C’est l’un des enjeux de notre époque. Il prend de multiples formes. L’âge est le premier facteur d’isolement. La géographie en est un autre. Les épidémies et autres catastrophes naturelles vont hélas occuper une place conséquente dans cette liste. L’isolement nuit gravement à notre santé. La médecine à distance est une solution, mais ce n’est qu’un début de réponse.
Il y a également un sujet autour de la santé mentale. En contenant les déplacements et les interactions, la pandémie a affecté la santé mentale de beaucoup de personnes. C’est l’un des nombreux facteurs contemporains qui, selon l’OMS, crée chez une personne sur sept dans le monde, des troubles psychiques. Un mal longtemps négligé qui peut-être aujourd’hui diagnostiqué et accompagné grâce à la technologie.
AU SERVICE DES PATIENTS ET AUSSI DES PROFESSIONNELS
Il y a un autre défi que les entrepreneurs peuvent relever. Le monde de la santé est fragmenté, faute de temps et de vision commune. Le numérique est encore loin d’être le catalyseur qu’il devrait être dans ce secteur.
Leur mission est donc de trouver des solutions au service du patient, mais aussi adaptées aux attentes de son écosystème de soin. Or, aujourd’hui, nous n’y sommes pas. L’épidémie mondiale du Covid-19 a évidemment accéléré le déploiement de solutions numériques, mais celles-ci ne satisfont pas tout le monde. Le numérique en santé n'est pas perçu comme un avantage significatif pour les médecins généralistes, par exemple, qui n’ont pas manqué de le faire savoir cet été lors de négociations avec l’assurance maladie.
Pourtant, les perspectives sont nombreuses pour chaque acteur de cet écosystème.
Les hôpitaux et cliniques tout d'abord.
En quête perpétuelle de productivité, ces établissements de soins seront les premiers à profiter de la puissance des données. En centralisant en ligne l'accès aux données de patients, la rapidité d'accès et la précision de l'historique de celles-ci permettront d'optimiser le temps passé par patient. Couplez à cela l'anticipation des pics d'affluence grâce à la puissance de calcul de l'intelligence artificielle et vous désengorger à coup sûr les hôpitaux. Je fais ici quelques raccourcis, mais n'ai aucun doute sur l'optimisation des performances et donc la réduction des coûts.
Les industriels, ensuite. A condition de la sécuriser et de l'anonymiser, la donnée patient permettra d'accélérer la recherche et le développement puis les essais cliniques des laboratoires pharmaceutiques. Face aux restrictions en période de pandémie par exemple, les essais cliniques numérisés se sont accélérés. Développée sous contrainte, cette avancée permet déjà d'optimiser la gestion électronique des essais cliniques, aussi bien dans la collecte des données, leur gestion et leur analyse, que dans le parcours du patient. On peut par exemple imaginer la téléconsultation remplacer certains rendez-vous de suivi initialement prévu au centre d’essai. Pour poursuivre sur cette lancée, il faudra indéniablement avancer sur le sujet épineux de la protection des données. C'est un sujet de façon générale, il s’agit de données de santé et personne n'a envie de voir celles-ci piratées ou utilisées à mauvais escient.
Les académiques aussi. Ici, nous parlons de recherche, mais aussi de formation. L'analyse de données que l'on appelle data mining, permettra de multiplier les perspectives et donc de générer plus rapidement des hypothèses, à faire ensuite valider par des études. Si vous visitez un centre de recherche universitaire, vous y trouverez déjà des nouveaux métiers comme celui de data scientist.
Les médecins et autres professionnels de santé, enfin. L'accès à la donnée facilitera le travail des uns et inspirera les autres qui en feront des entreprises. En développant des nouveaux usages connectés, les entrepreneurs de la tech transformeront le rapport du médecin au patient. Le rêve étant de passer du curatif au préventif.
Pour y arriver une intelligence artificielle connectée à nos données de santé sera sans conteste plus efficace qu'un humain, aussi intelligent soit-il. Demain, votre médecin ne pourra pas s'en passer avant de vous proposer un diagnostic et des pistes de traitement. Cela ne devrait rester qu'un support, naturellement dépendant de l'intuition du professionnel de santé. Une association gagnante, qui permettra à ces derniers de se décharger de certaines tâches pour se concentrer davantage sur le soin.
ET LA SUITE ?
J’aurais pu m'étaler encore de longues lignes sur le sujet. J’aurais pu vous parler des enjeux de souveraineté sanitaire à l’heure des GAFAM, de l’importance d’un plan réglementaire assoupli, de l’urgence de créer des comités d'éthique pour éviter l’éclosion de chimères et de bien d’autres sujets. Sauf que vous l’aurez compris, il s’agit ici d’un préambule et j’aurai l’occasion de creuser au fil des mois, tant ce sujet devient central dans ma vie professionnelle.
Ma conviction est que l’amélioration du système de soin dépend de l’éclosion de solutions innovantes. Pour y parvenir, la priorité doit-être donnée à l’accompagnement des entrepreneurs qui les incarnent.
Ce qui m’amène à rejoindre Future4Care, une nouvelle aventure qui va dans ce sens, puisqu’elle a pour vocation d’accompagner dans leur développement nos futures pépites de la santé. Un projet européen et ambitieux qui aura aussi à cœur de favoriser la connexion entre tous les acteurs de ce secteur. Qu’ils soient privés comme publics, académiques ou industriels, petits et grands, nous avons pour but de les rapprocher, avec les entrepreneurs au centre. Un vaste chantier, que vous pourrez suivre en vous abonnant ici.
Au plaisir d’en parler ensemble.
Bonne semaine.