Qui sont ces milliers de jeunes entreprises qui se revendiquent comme telles, me direz-vous ?
Cela reste avant tout des PME, ayant parfois perdu de vue leur mission, qui n'est autre que de trouver son modèle et de dégager des revenus, afin de se rapprocher le plus rapidement possible de la rentabilité. Cette même rentabilité qui leur permettra ensuite de continuer à grandir ou de se stabiliser sur le long terme. Le reste n’est que moyen, pas une fin en soi. Sauf qu’entre la réalité et la perception il y a un fossé énorme.
Cela étant dit, rien n’empêche une PME d’ambitionner le statut de startup puis de scaleup. Cependant se définir comme startup parce que l’on considère son entreprise ambitieuse est tout simplement incorrect.
Commençons par définir ce qu'est une startup. Peut-être pensez-vous à une jeune pousse soucieuse de bousculer un marché ou d’en créer un nouveau de toute pièce grâce à une idée novatrice ou à une entreprise avec un fort potentiel de croissance et de spéculation sur sa valeur future. Vous avez dans les deux cas raison.
Si l’on parle de startup, c’est parce que la technologie crée deux contraintes. L'accessibilité et la rapidité. Deux facteurs qui favorisent l’émergence d’une multitude d’acteurs, à une vitesse indécente. Avoir une idée et de l’ambition ne suffit plus sur certains marchés. Il faut aller vite. Cela justifie cette quête d’être startup. Ce n’est pas une fin en soi, mais un moyen d’atteindre ses ambitions, sous contraintes. Des contraintes essentiellement financières, on parle notamment de capital risque. Un sujet qui fera l’objet d’un prochain article.
Les startups sont devenues un stéréotype
Il suffit de regarder la définition de Wikipedia pour réaliser le stéréotype qui s’installe autour de ce mot et des structures associées. Non une jeune pousse n’a pas systématiquement besoin de lever des fonds pour réussir ! Non elle n’a pas besoin d’être cool, pour attirer des talents ! Elle n’a pas besoin d’être passée par un accélérateur ou d’avoir un Chief Happiness Officer pour être aux « normes ».
Ces structures restent des petites entreprises (PME) et ne bénéficient pas d’un statut privilégié contrairement à ce que laissent entendre certaines figures médiatiques et publiques. Être une startup ne se clame pas, cela s’obtient par la sueur, des larmes et beaucoup d’intuition.
Le stéréotype vient de l’appropriation de certains à commencer par des publicitaires et politiques.
En effet, ces dernières années la notion a pris une dimension marketing. S’afficher aux côtés de startups, créer une startup ou même consommer des produits de startups est devenu cool voir stratégique. D’où cet appétit pour la création depuis quelques années. Sauf que lorsque l’on crée son entreprise quelque soit son origine, son bagage et ses moyens, on ne naît pas startup on le devient (ou pas). Je me souviens du désespoir de nos journalistes lorsque j’étais chez Maddyness. Plus de 400 e-mails par jour d’aspirantes startups souvent loin du compte. Entre les erreurs de discernement (non un restaurant n’est pas une startup) et d’éléments de langage (se calquer sur l’existant en se considérant comme le Uber de … ou le Netflix de… ne vous aide pas), je vous laisse imaginer la complexité de leur travail de sélection.
Vous l’aurez compris, j’ai un vrai problème avec la systématisation du terme startup, pas avec la notion en elle-même. Nous avons besoin de startups pour continuer à dépoussiérer des dogmes bien établis, améliorer le quotidien des gens, mais aussi continuer à peser sur la scène internationale.
Ce qui me dérange, ce n’est pas de voir se généraliser l’appellation startup. C’est plutôt l’espoir que l’on vend à tous les aspirants entrepreneurs en leur donnant l’impression que tout le monde peut créer une startup. Même constat pour leurs futurs collaborateurs qui idéalisent souvent ce type de structures, à tort !
Créez votre société, suivez vos rêves, soyez libres, ne perdez pas de vue vos objectifs, mais ne vous mettez pas une pression inutile en vous imposant le statut de startup et toutes les contraintes qui vont avec. Il faut des entrepreneurs capables de créer des géants, pour faire bouger les lignes, mais nous avons tout autant besoin d’entrepreneurs aux aspirations plus modestes, car leur ensemble est interdépendant. Ne vous focalisez pas sur les autres, pensez à l’héritage que vous laisserez derrière vous en créant quelque chose d’unique et durable !
La semaine prochaine je vous parlerai d’héritage. L'entrepreneuriat ressemble de plus en plus à un sprint alors que chez nos aînés il s'apparenterait plutôt à un marathon. Quelle trace laisseront les licornes d’aujourd’hui dans 50 ou 100 ans ? L’approche familiale et immortelle d’entrepreneurs comme Hermès est-elle envisageable pour les entrepreneurs des générations X ou Y ? Bref, quel héritage laisserons les entrepreneurs contemporains ? Votre avis compte, partagez le moi à vincent.puren@gmail.com ou en réponse à cet email. Je vous donne le mien la semaine prochaine et en profiterai pour y associer le vôtre.
N’hésitez pas non plus à me partager les sujets que vous aimeriez voir traités dans les semaines à venir.
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A la semaine prochaine.
100% d’accord ! Une entreprise, c’est comme le génie : 10% d inspiration et 90% de transpiration