Ma paternité est un atout pour ma carrière
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Le but de cette newsletter, c’est avant tout d’aborder des sujets auxquels j’ai été confronté un jour, tout comme nombre d’entre-vous et sur lequels je souhaite tirer des enseignements. Je vous ai parlé de ma vision des startups, des capitaux, de l’entourage et de quelques autres sujets qui me tiennent à cœur. Depuis quelques mois, j’ai décidé de vous parler régulièrement de ma vie de père et de ma façon d’équilibrer les choses entre le foyer et l’entreprise.
La fête des pères est l’occasion idéale pour vous expliquer pourquoi je me considère comme un meilleur professionnel depuis que j’ai des enfants.
Je tiens à préciser que je ne suis pas exemplaire. Je suis plutôt un père lambda avec un cheminement plus avancé que la moyenne. Si je peux, la plupart des hommes le peuvent.
Prenez la naissance de ma fille en 2020 par exemple. Le Covid a sauvé ma paternité. Nourri de stéréotypes et de dogmes immortels, j’étais parti pour reproduire les erreurs de millions d’autres jeunes hommes (ou moins jeunes) devenus pères. La raison ? Cette idée reçue que l’on ne peut pas réussir professionnellement et personnellement. C’est l’un ou l’autre.
3 ans plus tard et un second enfant venu au monde entre-temps, force est de constater que je suis toujours debout. Non seulement j’ai su jongler entre la sphère professionnelle et personnelle, mais j’en sors grandi.
Il est vrai que j’ai souffert pendant de longs mois avant de trouver mon équilibre. Heureusement, mon tempérament de battant m’a aidé à m’en sortir. J’en tire 5 leçons qui peuvent vous être utiles si vous comptez rejoindre le club des papas. Surtout, ces enseignements me semblent, avec du recul, parfaitement adaptés à toute personne qui ambitionne de faire décoller sa carrière.
1. Savoir prioriser
Lorsque la vie est déjà bien rythmée et que l’on doit y ajouter un aspect aussi important que la paternité, la première chose à faire, c’est de prioriser, voire sacrifier certains aspects de sa vie. Plus de sport ? Moins de boulot ? Moins de sorties ? Difficile de choisir quand on rêve d’entretenir sa carrière, ses relations et sa condition physique.
Prioriser ne veut pas dire stopper. Ce n’est pas une question de quantité de temps, mais de temps de qualité. Je suis personnellement capable d’allier au quotidien les quatre aspects cités plus haut, mais à quel prix ? Autant prioriser dans le temps, pour m’éviter du stress, de la fatigue et pire de la déception. Il est ici question d’équilibre.
J’ai personnellement décidé de prioriser la famille, sans pour autant sacrifier le reste de ma vie.
Je n’ai pas baissé ma charge de travail, je l’ai organisé différemment. J’arrête de travailler à 18h le soir pour aller chercher mes enfants et passer du temps avec eux. En contrepartie, je diminue les sorties et sessions de binge watching le soir, pour travailler.
Je ne vais plus à la salle de sport tôt le matin car je gère le réveil de mes enfants. En contrepartie, j’ai revu ma routine sportive pour des séances courtes de 30 minutes que je peux pratiquer n'importe où, avant de commencer ma journée ou le midi.
J’arrête les cocktails pour le boulot (sauf quelques très rares exceptions) et je privilégie quelques soirées de qualité avec des amis. En contrepartie, je travaille autrement mon réseau, notamment en publiant régulièrement sur les réseaux sociaux et en programmant des conversations de 20 minutes en visio, aux heures où je suis habituellement le moins productif.
Vous l’aurez compris, je ne procrastine plus. Cela influence positivement ma productivité. Je travaille autant et en plus, je travaille mieux. C’est à la portée de tout le monde, à partir du moment où l'on sait pourquoi on s’impose tout cela.
2. Sortir de sa zone de confort
Avoir un enfant, c’est apprendre à sortir de sa zone de confort. Apprendre à se connaître aussi. Des compétences indispensables dans le monde professionnel si l'on souhaite évoluer.
Il n’y a rien de plus imprévisible que les aléas de la vie de famille. Il faut apprendre à anticiper les problèmes. C’est un apprentissage permanent.
Sortir de sa zone de confort est une condition indispensable à tout apprentissage. Sortir de sa zone de confort, c’est prendre des risques pour en tirer un résultat.
Vous voyez où je veux en venir. Dans un monde en mouvement, à l’heure où chaque travailleur doit apprendre à composer avec de nombreuses transformations (numérique, environnementale, sociale, etc), vivre en dehors de sa zone de confort est une compétence à part entière, qui mériterait presque de figurer sur un CV.
3. Faire preuve d'empathie
Lorsque l’on est jeune parent, on est régulièrement à cran, les erreurs sont nombreuses, on a souvent du mal à se reconnaître soi-même et à reconnaître sa moitié. On lutte tellement avec le quotidien qu’à la moindre remarque ou critique c’est l'explosion.
J’ai vite compris que se forcer à prendre du recul sur la situation était le plus simple et le plus efficace des remèdes. En prenant de la distance, on est en plus capable de juger la situation et d’en arriver quasiment systématiquement à la même déduction “personne n’est contre moi. Je fais de mon mieux”. Certainement que la personne qui partage notre vie donne tout autant de sa personne ou peut-être pas d’ailleurs. L’empathie, c’est justement la capacité à se mettre à la place de l’autre. A comprendre comment il agit et pourquoi il agit ainsi. C’est surtout le moyen idéal de définir ce qu’il attend de moi. Cette prise de recul confère une sagesse indéniable et sauve tout simplement des couples au bord de la rupture …. de nerfs.
Au le boulot, c’est pareil. Vous pouvez au choix vous comporter de façon auto-centrée et critiquer tout ce qui ne va pas dans votre sens. Un collègue agressif, un prestataire trop lent, ou un manager indisponible. Sauf que vous évoluerez dans un climat perpétuel d’insatisfaction et totalement figé.
Faire preuve d’empathie ce n’est pas accepter la différence de l’autre, c’est contextualiser et trouver des solutions. Mon collègue agressif me perçoit peut-être tout simplement comme un concurrent, je devrais peut-être lui envoyer des signaux amicaux. Mon prestataire que je considère comme lent, a peut-être été mal briefé ou n'a peut-être pas assimilé ma façon de travailler, je devrais peut-être lui rappeler mes contraintes et lui indiquer que je suis à sa disposition à tout moment. Enfin, mon manager indisponible est très certainement sous l’eau et pense bien agir en me responsabilisant. Pourquoi n’iriez-vous pas le voir et lui proposer des points plus réguliers tout en indiquant les raisons.
“Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde”, disait Camus.
En famille, ou au boulot, l’empathie est indispensable pour comprendre ses interlocuteurs et créer une relation solide avec eux. Personnellement, j’ai gagné en maturité sur ce point depuis que je suis père.
4. Apprendre à se satisfaire
A l’instant T, vous vous dites que votre vie est vraiment merdique. Votre femme est constamment épuisée, vos enfants ne dorment pas, vous non plus et en plus vos collègues ne sont absolument pas conscients de ce que vous traversez et ne vous font pas d’état d’âme.
Sauf qu’avec toutes les qualités précédemment citées, vous allez immédiatement prendre du recul. Votre femme ? Que de chemin parcouru, quelle solidité. Il faut avouer que ce n’est pas du tout ce que vous imaginiez d’une relation amoureuse, biaisé par les films, mais ça, c’est la preuve de l’amour.
Vos collègues ? Avouez qu’ils n’ont pas à subir votre changement de vie. Leur avez-vous dit que votre contexte personnel était difficile à concilier avec votre travail ? Il y a de fortes chances que non, car ce serait selon vous un aveu de faiblesse. Vous avez tort.
La façon dont vous communiquez, influence la perception qu'ont les gens de vous. Si vous ne dites rien, alors que votre productivité baisse à vue d’œil à cause de votre fatigue, on pensera que vous n’êtes plus dans le coup. Si vous jouez cartes sur table et que vous assumez, on vous proposera de décélérer pour mieux répartir une fois les nuits plus clémentes. C’est la voie de la sagesse, mais cela demande de mettre son ego de côté.
La perfection n’existe pas. Il faut se lancer, accepter d’apprendre, de tomber, se relever, retomber et se relever avec plus de stabilité cette fois.
Il faut savoir se satisfaire et pour ça, il faut mesurer sa réussite. Fixer les raisons qui nous poussent à sortir de notre zone de confort, pour ne pas finir dans l’éternelle insatisfaction.
5. Gérer ses émotions
Devenir parent c’est accepter de vivre au quotidien dans un ascenseur émotionnel et apprendre à garder son sang froid. Que vous l’acceptiez ou non, vous n’avez pas le choix, vous devez composer avec cette difficulté et ne rien lâcher. Si vous sombrez, quelqu’un d’autre devra prendre soin de votre famille. Cette image nous est tous insupportable. C’est ce qui nous aide à tenir, traverser les épreuves. La clé, c’est d’apprendre à gérer ses émotions.
Les enfants peuvent être imprévisibles, ce qui nécessite souvent de faire preuve de calme et d'adaptabilité face aux situations. Cela m’a personnellement aidé à développer des compétences en gestion du stress qui sont précieuses au travail.
Gérer ces émotions, ne veut pas dire les cacher. Au contraire. La parentalité m’a amené à développer une plus grande conscience de mes propres émotions, à apprendre à les gérer de manière constructive et donc à les assumer. Je n’ai plus de frein à les partager y compris au travail. Cela contribue évidemment à l’empathie.
En résumé, devenir parent c’est accepter de lâcher prise. Déconstruire l’existant et se reconstruire sur de nouvelles bases solides.
Pour y parvenir, j’ajouterais que l’entourage est clé. Alors oui, on ne choisit pas sa famille. Mais l’entourage, c’est bien plus complexe et large que cela. Ce sont les amis, collègues, ou mentors. Le dernier conseil que je vous donnerai, c’est d’accepter de laisser filer quelques personnes et entrer de nouvelles personnes dans votre vie. Votre vie change de façon radicale, il faut accepter de s’entourer autrement.
Merci d’avoir lu ces quelques lignes, j’espère vous avoir aidé à prendre conscience de la complémentarité entre la parentalité et la productivité au travail. Le sujet est encore tabou. N’hésitez pas à partager ce texte à votre patron ou vos collègues pour changer les mentalités.