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En janvier, j’ai pris la décision de faire une pause professionnelle pendant 3 mois pour me consacrer exclusivement à ma famille.
Mon fils venait de naître, c’était l’occasion idéale pour apprendre à le connaître et trouver un nouvel équilibre de vie entre ma famille et mon entreprise.
J’ai depuis reçu un certain nombre de messages qui me questionnent sur deux points.
Pourquoi prendre 3 mois, quand le cadre légal propose déjà 28 jours ?
Sera-t-il possible d’avoir un bilan de ces 3 mois ?
Il est temps d’apporter des réponses à ces questions.
3 mois sinon rien
Avec du recul, je vous confirme que les 28 jours légaux sont nécessaires, mais insuffisants. Selon moi, un congé parental réussi doit contenir 3 phases :
La phase de chaos 😵 : Ma femme vient de vivre un traumatisme physique, mais aussi mental et doit donc se reposer autant que possible. Personnellement, j’ai consacré le premier mois à l’accueil de mon fils, à aider ma fille à trouver sa place au sein de notre famille agrandie et soutenir ma femme psychologiquement. C’était clairement le chaos, il a fallu lâcher prise et survivre, mais cette phase était nécessaire.
La phase d’ajustement 🤞 : Tout le monde commence à trouver ses marques, mais cela ne tient qu’à un fil. Ma femme commence à peine à récupérer, ma fille trouve petit à petit sa place et mon fils commence à se régler sur le plan alimentaire et du sommeil. Je commence à mesurer les responsabilités qui sont les miennes. J’instaure avec ma femme des reflexes que nous devrons péréniser une fois de retour au travail.
La phase de transition 🤝 : Nous alternons le retour au travail pour que chacun puisse gagner en autonomie avec les enfants et surtout pour que l’autre puisse reprendre sereinement le travail. Cette phase est nécessaire pour notre couple et nos entreprises respectives. Si elle était généralisée en France, elle ferait avancer la société entière en terme de parité.
Évidemment, il n’y a pas de règle. Difficile toutefois d’imaginer ces différentes phases en seulement 28 jours. C’est pour cela que j’ai personnellement pris 3 mois.
Prendre le temps aujourd’hui, c’est bâtir demain sur des bases saines. Pensez-y !
Un pari gagnant
Pour ce qui est de mon bilan personnel, je retiens principalement 6 enseignements qui me confortent dans ma décision.
Je n’ai pas encore atteint la parité dans mon couple, mais je m’en suis grandement rapproché.
Nous avons ancré des habitudes avec ma femme, qui ont eu le temps de s’installer en 12 semaines. C’est nécessaire de se l’imposer sur un temps long, pour ne pas tout déséquilibrer une fois de retour au travail. C’est un grand pas pour moi, un petit pas pour l’égalité homme-femme.
J’ai vraiment compris toutes les facettes d’un nouveau né et appris à créer un lien durable avec mon fils.
N’étant pas à l'affût du dernier email des collègues, j’ai pu vraiment me concentrer sur l’essentiel, à savoir le développement de mon fils. Il s’est habitué à ma présence et j’ai vu au fil des semaines un lien naturel se créer entre nous.
J’ai pu aider ma fille à trouver sa place au milieu de ce chaos ambiant.
Un nouveau-né requiert énormément d’attention, au détriment des autres enfants. C’est souvent ce qui entraîne ce que l’on appelle une régression. Ils cherchent à attirer notre attention par tous les moyens, par peur d’être rejetés. Le fait d’être deux, avec ma femme, nous a permis de répartir la charge des enfants et donc de passer du temps seul et de qualité avec notre fille. Je suis par ailleurs convaincu que l’absence du stress lié au travail a largement aidé.
Ma femme a pu reprendre le travail dans de bonnes conditions.
La parité ne se joue pas qu’à la maison. Avec ma femme nous avons passé une partie du temps ensemble et avons également alterné pour qu’elle puisse reprendre son travail sereinement pendant que je m’occupe des enfants. C’est le temps qu’elle passe, à ce moment précis, dans son entreprise qui sera décisif pour la suite de sa carrière. On constate trop souvent une baisse de salaire et l’absence d’opportunité pour les jeunes mamans qui se dévaluent par crainte de ne pas réussir à assumer la vie de famille et la carrière. Cet écart, s’il survient, ne se rattrape jamais.
Mon entreprise a continué de tourner comme si de rien n’était.
Il y a deux façons d'interpréter cet enseignement. Certains vous diront que cela signifie que je ne suis plus indispensable au collectif. Ils n’ont pas tort. Sauf que personne n’est indispensable. De mon côté, je trouve cela rassurant et motivant. Cela prouve que j’ai réussi ma préparation en amont et que je vais pouvoir me concentrer sur de nouvelles tâches puisque mon équipe assure déjà sur l’existant. Je reviens avec un regard frais qui permettra de prendre du recul et de se projeter plus facilement sur les prochaines étapes de l'Entreprise.
Je reviens avec de nouvelles compétences
Les nuits sont encore courtes. Il va falloir de longs mois avant de pouvoir commencer à récupérer. Pourtant cette prise de recul sur l’entreprise m’a permis de mesurer ce qui me motive vraiment et la façon dont je souhaite travailler les années à venir. Je reviens plus fort que jamais avec au passage de nouvelles “compétences” acquises grâce à la vie de famille.
Tout se joue au moment de la préparation
Si tout cela s’est déroulé sereinement c’est parce que j’ai pu anticiper, assumer et préparer les choses au sein de Future4care.
C’est à ce moment précis que l’entreprise joue un rôle important. Avoir une politique familiale permet d’anticiper ce type de départ et de le préparer au mieux.
Chez Future4care nous n’avions pas de politique dédiée, mais la structure était suffisamment agile pour nous permettre de créer celle-ci en temps réel. C’est ce que nous avons fait. J’ai servi de cobaye et les futurs parents seront désormais accompagnés de façon fluide sur leur organisation.
Voici d’ailleurs quelques conseils que je peux partager aux futurs parents pour vous aider à préparer votre absence :
J’ai supprimé toutes les applications professionnelles de mon téléphone.
Plus de boîte email, de messagerie, de dossiers partagés, pour ne pas être tenté de combler le FOMO (Fear of missing out) en ouvrant en secret quelques emails ou messages, par ci par là.
J’ai rangé mon ordinateur.
J’ai fait en sorte de ne pas le garder pour mon usage personnel, afin de ne pas être tenté de taper une URL qui me reconnecterait aussitôt avec le travail.
J’ai expliqué de façon claire à mon équipe pourquoi je ne voulais recevoir aucun message.
J’ai accepté d’être contacté en cas d’urgence, en définissant bien ce qu’était une urgence et le canal exclusif à privilégier. Me concernant il s’agissait d’un SMS. J’ai reçu 4 SMS en 3 mois.
J’ai paramétré un message d’absence explicite.
Dans celui-ci j’explique pourquoi je suis absent et la date de mon retour. J’y indique que je ne répondrai à aucun message reçu durant cette période, pour inciter les gens à me recontacter à mon retour. Cela permet d’éviter une montagne d’emails à rattraper et une charge mentale inutile.
J’ai préparé mon retour.
Pour ne pas subir ma reprise, j’ai appelé individuellement les personnes quelques jours avant. Des échanges courts de 30 minutes durant lesquels on abordait ce qu’il s’est passé d’important durant mon absence et les grandes échéances à venir. Ces appels ne sont pas des réunions de travail, juste des échanges pour me préparer mentalement.
Ceci n’est qu’une première étape
Vous l’aurez compris, au-delà des nuits raccourcies, des biberons et autres couches, c'est de jongler entre le boulot et la vie personnelle qui reste le plus compliqué lorsque l’on devient parents.
Prendre le temps d’accueillir un nouveau-né, ne se résume pas à prendre du temps pour soi et les siens. C’est une parenthèse nécessaire pour poursuivre son chemin au sein de l’entreprise dans les meilleures conditions.
Évidemment pour garder les bienfaits d’un congé parental, il faut que l’entreprise soit aussi en mesure d’accompagner correctement le retour au travail.
Une fois de retour, je dois retrouver ma productivité tout en jonglant avec quelques contraintes propres à la parentalité :
1. Le manque de sommeil.
2. La gestion des enfants tôt le matin et le soir.
3. La charge mentale entraînée par les aléas pédiatriques, domestiques et conjugaux de la parentalité.
L’entreprise a une double responsabilité. Instaurer une culture saine et qui ne discrimine pas les parents. Proposer des outils pour les aider à s’organiser au cœur et en dehors de ses murs.
Aujourd’hui ce besoin est clairement sous les radars. Pourtant 8 salariés sur 10 sont des parents.
Comment instaurer une politique parentalité à la hauteur de l’enjeu ? Comment s’équiper d’outils adaptés à la situation ?
Cela fera sans doute l’objet d’une prochaine publication. Vous voulez en parler ? Pour m’écrire c’est par ici.
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Votre article, il faut le partager au max. Il résonne beaucoup chez moi. Je suis devenue maman pour la 2e fois il y a 1 an, et j'ai ressenti ce besoin d'écrire sur le sujet de l'après-accouchement.
Savez-vous que la grossesse, l'accouchement et l'allaitement mettent le corps dans une condition métabolique proche d'un marathon ? Et pourtant, après l'accouchement, la société demande à la femme de reprendre ses activités comme si de rien n'était. Comme vous le décrivez si justement: difficile pour le papa de créer un lien, se faire sa place, et aider la jeune mère à se remettre dans les conditions de prise en charge actuelle.
Je tente à ma manière de libérer la parole pour aider les jeunes et les futurs parents à mieux se préparer à l'accueil d'un bébé. Je viens de publier mon livre sur le sujet :-)