Vers la fin du congé maternité ?
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Oui, vous avez bien lu. Non, ça n’est pas pour aujourd’hui.
Évidemment, quand je parle de la fin du congé maternité, l’idée n’est pas de revenir un siècle en arrière et imposer aux femmes un retour à la vie normale, le lendemain de leur accouchement.
L’ambition serait plutôt d’arrêter de dissocier pères et mères et de proposer un congé unique et commun, à se partager. Naturellement, il conviendrait de conserver le congé prénatal pour les futures mères, afin de préserver leur santé et celle de leur bébé.
D’autres pays sont cités comme exemple en la matière. On cite trop souvent la longueur record du congé parental dans les pays scandinaves. En vérité, l’aspect le plus remarquable des politiques parentalité de la Suède ou de la Finlande est le caractère paritaire de celles-ci.
Au pays allongé, les deux parents se partagent une prestation parentale d'une durée totale de 480 jours par enfant. Vous avez bien lu, 480 jours.
Ils ont un an et demi pour s’organiser et trouver l’équilibre dans leur couple.
Pas étonnant que le pays soit parmi les plus paritaires au monde.
En France, la ministre Aurore Bergé vient d’évoquer la création d’un congé familial en 2025.
On aime l’idée parce que toute prise en compte des enjeux de la parentalité est bonne à prendre.
En revanche, si l’ambition de l’hexagone est de rattraper son retard et de tendre vers plus d’égalité dans les foyers, cette initiative ne va hélas absolument rien changer.
Je ne vais pas vous barber en reprenant les contours du texte de loi. Plutôt vous expliquer pourquoi c’est une approche est contre-productive.
Prenez les Français dans leur ensemble. Pour la majorité d’entre-nous, la distinction entre un congé maternité / paternité et un congé parental n’est pas évidente. Ajouter à cela un quatrième congé, c’est apporter un peu plus de chaos dans la tête des parents et de leur employeur.
Evidemment, tout reconstruire à zéro demande à court terme des efforts plus importants que de rafistoler l’existant. Pourtant nous gagnerions sur tous les plans à simplifier les choses :
Administrativement, il n’y aurait plus besoin de multiplier les démarches auprès d’organismes tels que la CAF ou la CPAM. Un gain de temps pour tout le monde, de l’Etat, aux parents en passant pour leurs entreprises.
Socialement, en allongeant la durée et en proposant un congé équitable pour les deux parents, les objectifs de parité et de santé publique seraient atteints plus rapidement que jamais.
Économiquement, un congé parental partagé permettrait aux femmes et aux hommes de reprendre le travail plus sereinement ce qui éviterait de nombreux arrêts maladies post-partum et autres absences.
Il y a évidemment des conditions pour qu’un tel congé parental unique fonctionne.
Il faudra assurer un montant d'indemnité parentale conséquent (80% semble idéal) pour inclure tous les parents quel que soit leur catégorie socioprofessionnelle.
La durée devra s’aligner sur les bons élèves européens, à minima 12 mois, pour rattraper notre retard et observer un réel effet bénéfique.
Un cadre clair devra être instauré pour imposer une répartition entre les deux parents avec des phases communes et des phases alternées. Afin d’éviter l’accentuation des inégalités au fil des années.
Les entreprises pourront bénéficier d’aides pour remplacer provisoirement leurs collaborateurs concernés par un départ longue durée. Histoire d’éviter de solliciter le parent durant son absence.
Les entreprises devront en contrepartie respecter un certain nombre de conditions pour faciliter le retour au travail des jeunes parents. A commencer par un re-onboarding obligatoire et le maintien du poste et du niveau de salaire.
Certains diront que c’est utopique, un gouffre financier en perspective. Je les invite à observer le taux croissant d’absentéisme et de dépression post-partum des jeunes parents de retour après 1 à 3 mois. Celui-ci a un impact (certe difficilement mesurable) sur la productivité des entreprises et les dépenses de l’Assurance Maladie.
Une fois de plus il s’agit d’un sujet de prévention. Le pays gagnera à tous les niveaux. Économiquement nous poursuivrons notre développement et socialement nous rattraperons notre retard sur de nombreux sujets qui dépassent le cadre de la parentalité.
Alors, êtes-vous pour conserver l’existant et ajouter un congé familial ou êtes-vous pour instaurer un congé parental unique ?
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